Sous-traitance horlogère L'art de la décoration horlogère artisanale

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La sous-traitance horlogère regorge de différents corps de métier. Ici, nous n'allons pas discuter de performances machines, mais de l'art d'utiliser l'outil le plus vieux du monde : la main. Christian Laufer, gestionnaire de l'atelier de décoration horlogère Arrigoni-Laufer, nous parle de son métier

Quel est votre cœur de métier ?

L'atelier Arrigoni-Laufer existe depuis 1991, et nous sommes spécialisés dans la décoration de mouvements d'horlogerie. Nous proposons, entre autres, des déclinaisons de montres squelettes à partir de mouvements industriels. Nous travaillons de façon artisanale et notre travail s'adresse principalement à des montres haut de gamme.

Nous sommes en quelques sortes des dentellières et dentelliers, notre travail transforme la montre en bijou.

Qu'entendez-vous par « de façon artisanale » ?

Notre machine, c'est la main. Nous utilisons différents types d'outils, comme des limes, des stylets de bois, etc. que l'on tient à la main.

Nous travaillons sur des établis, « à l'ancienne ». Toutes nos pièces découlent uniquement de l'intervention humaine.

Comment se passe la création d'un design ?

Nous intervenons à différents stades du processus : soit nous travaillons dès le début sur la création d'un modèle ou d'une déclinaison, soit nos clients nous approchent avec un design préconçu, et nous allons en tant qu'horloger travailler à l'application de ce design de manière cohérente sur le mouvement. Nous pouvons dans ces cas être amenés à proposer quelques améliorations de design : en effet, les mouvements d'horlogerie sont fragiles et certains endroits doivent être laissés tels quels.

Nous soutenons ainsi les projets des marques horlogères grâce à notre expertise en décoration. La décoration apporte une plus-value à une montre, elle permet de générer des émotions, et elle justifie les prix élevés de certaines montres.

La décoration horlogère se cantonne-t-elle au haut de gamme ?

La décoration peut s'étudier pour des montres de moyenne gamme. Il n'est pas nécessaire de tout décorer, de faire quelque chose de baroque. Une belle ligne, un simple dessin, peuvent sensiblement augmenter l'esthétique d'un mouvement. Il existe des moyens d'améliorer l'aspect visuel d'un mouvement dans des prix qui restent raisonnables.

Pour le moyen de gamme, l'étude du design est répartie sur un nombre plus important de pièces, et on peut également imaginer des décorations machines, qui coûtent moins cher que la décoration artisanale.

Quels volumes de pièces décorez-vous ?

Nous fournissons de la pièce unique à des séries de 200 à 300 pièces. Une pièce unique a évidemment un prix particulièrement élevé. Nous sommes 7 personnes dans l'atelier, et nous décorons environ une centaine de mouvements par an, sachant qu'en fonction de la complexité du design, il faut entre deux et huit semaines pour décorer un mouvement.

En tant que décorateur, comment êtes-vous affectés par les fluctuations du marché horloger ?

Nous sommes affectés de manière un peu atypique. Nous travaillons principalement pour du haut de gamme, et ce marché réagit différemment. La dernière fois que nous avons rencontré des difficultés c'était en 2018. Il y a toujours pas mal de facteurs qui entrent en jeu, mais dans ce cas, c'était principalement le franc fort. Nos clients nous ont demandé de réduire notre travail afin de réduire le prix des pièces, ou au moins de rester dans des ordres de grandeur similaire, afin de s'affranchir de ces 20 % perdus par le change euros/francs suisses.

Nous avons donc été frappé de plein fouet par cette crise, qui n'était pas horlogère mais financière. En ce qui concerne la crise sanitaire, nous avons été soutenus par la Confédération, et nous en sommes reconnaissant. Depuis, nous sommes entrés dans une période particulièrement faste. MSM

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