Portrait d'entrepreneur suisse : Antonio Legaz, directeur de Rostan Suisse SA La haute précision au cœur de son activité
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L'entreprise Rostan Suisse SA, basée à Corcelles dans le canton de Neuchâtel, est active depuis le début des années 2000 dans le domaine de la rectification cylindrique.

Aujourd'hui Rostan Suisse SA propose une offre de prestations étendues, de la rectification à l'usinage par enlèvement de copeaux en passant par le contrôle métrologique. La haute précision a toujours été dans l'ADN de l'entreprise depuis sa création et la chasse aux derniers microns fait partie de son quotidien.
Antonio Legaz, directeur de Rostan Suisse SA et également président de la Fédération Suisse des Professionnels de la Mécanique (FSPM), partage avec nous sa passion pour la mécanique de haute précision.
Pouvez-vous nous présenter l'entreprise Rostan Suisse SA ?
Fondée en 2001, l'entreprise Rostan Suisse SA fournit des pièces mécaniques usinées ou, après assemblages, des ensembles fonctionnels pour les industries des domaines de la machine outils, de la construction d'éléments automobiles et de transports, de la construction d'instruments électroniques ou d'instrument des mesures ainsi que pour la construction d'instruments médicaux.
Elle est plus particulièrement spécialisée dans la technique de la rectification cylindrique intérieure et extérieure. A cela s'ajoute les possibilités d'usinages prismatiques en lien avec les éléments rectifiés ainsi que le montage des pièces usinées en éléments assemblés et fonctionnels.
Le parc de machines est composé de rectifieuses CNC intérieures et extérieures de marques Voumard, Kellenberger et Studer. Les pièces cylindriques sont tournées sur des tours CMZ et Haas. Les usinages prismatiques de précisions sont réalisés sur des centres d'usinages Mori-Seiki.
Au niveau dimensionnel, les pièces cylindriques peuvent aller de 10 à 320 mm pour le diamètre et jusqu'à 1000 mm pour la longueur. Pour les pièces prismatiques, les dimensions maximales sont de 700 x 600 x 600 mm.
Grâce à la qualité des machines et du personnel, avec procédures et méthodes, supportée par une cellule de contrôle CNC ultra-moderne (Zeiss 3D, Hommel Formtester), les clients vont recevoir des pièces contrôlées et certifiées pouvant présenter des tolérances de l'ordre de 2 microns.
Pour remplir notre mission, nous nous efforçons d'accompagner toutes nos actions par un comportement teinté de vraies valeurs dont nous sommes convaincus qu'elles sont les éléments fondateurs de la qualité de nos services.
La rectification est historiquement au cœur de l'activité de Rostan Suisse SA. Comment en êtes-vous arrivé à vous spécialiser dans ce domaine ?
Il est vrai qu'à l'époque déjà (ESCO), nous avions comme habitude de terminer les pièces qui nous arrivaient soit de notre propre fabrication, soit de nos sous-traitants, ce qui nous obligeait d'avoir un parc de machines à rectifier important avec des moyens de contrôle au-dessus de la moyenne. Avant la séparation d'ESCO, nous étions déjà en possession d'une machine à mesurer tridimensionnelle dans un local climatisé, ce qui n'était pas très courant il y a 25 ans dans un atelier de fabrication.
Avez-vous constaté une évolution de la demande de vos clients en matière de rectification ?
Clairement, les clients sont devenus très exigeants, non seulement au niveau des dimensions, mais également au niveau des processus de fabrication et de la traçabilité. Les tolérances se sont resserrées au fil du temps et notre quotidien c'est de travailler dans les 2 μm.
« La maîtrise du μ, notre passion » est la devise de Rostan Suisse SA. Avez-vous dû mettre en place des conditions spécifiques dans vos ateliers pour garantir ce haut niveau de précision ?
Oui, on ne travaille pas de telles précisions sans prendre des mesures particulières. C'est donc toute une chaîne de production qui doit se mettre en place. Tout d'abord nous pouvons compter sur un personnel très professionnel qui a conscience de ce que représente le millième et les exigences client. Ensuite, nous devons avoir un parc de machines parfaitement entretenu et moderne, afin de pouvoir garantir les travaux qui nous sont confiés. Enfin vous devez vous équiper de moyens de contrôle fiables, allant depuis le micromètre jusqu'à la métrologie en salle climatisée avec machines à commande numérique, car dans le contrôle il n'y a pas de discussion, c'est juste ou c'est faux, c'est vert ou c'est rouge.
Y a-t-il un domaine tout particulier en matière de rectification dans lequel votre entreprise excelle ?
Avec les années et notre histoire la rectification extérieure et intérieure est notre point fort, mais à cela il faut ajouter également la rectification plane, la rectification de filets, les cônes etc. Notre parc de machines dans le domaine de la rectification se démarque par sa diversité et sa modernité, ce qui nous permet de réaliser des travaux de qualité. À tout cela il faut aussi citer les clients, qui au fil du temps avec des pièces complexes, nous aident à nous surpasser pour rester à la pointe de la technique.
Rostan Suisse dispose également d'un parc machines pour l'usinage par enlèvement de copeaux. Proposez-vous à vos clients des solutions clé en main, de la matière brute à la pièce usinée, trempée et rectifiée prête à être montée ?
Évidement, en fait c'est notre but, nous ne nous limitons pas seulement à la finition de la pièce, mais bien à la réalisation complète de celle-ci. Le 99 % des produits que nous réalisons, sont réalisés chez nous depuis l'achat de la matière jusqu'à la livraison. C'est vraiment ce qui fait la force de Rostan Suisse, gérer un produit de A à Z sans que le client ne doive intervenir. Nous proposons également des ensembles montés qui sont composés de plusieurs pièces, ce qui facilite la partie achats et gestion pour notre client.
En matière de fraisage et de tournage que proposez-vous comme prestations ?
Tant que nous restons dans les dimensions que nous permettent nos machines, nous pouvons tout offrir. Nous avons des centres d'usinages horizontaux, verticaux avec 4 axes simultanés et des tours à commande numérique bi-broche avec axe Y, ce qui nous permet de réaliser des pièces complexes qui souvent iront au traitement thermique pour ensuite être rectifiées. Chez Rostan Suisse nous aimons contrôler le produit du début à la fin.
Votre parc machines est vraiment impressionnant par sa qualité et sa modernité. Vous avez un attachement tout particulier pour les machines Mori-Seiki. Quand et comment a débuté cette passion pour ces merveilleuses machines nipponnes ?
Cela remonte très vite à la sortie de l'École Technique. J'ai tout de suite eu la possibilité à la fin des années 80 de travailler sur des centres Mori-Seiki et il est vrai que j'ai tout de suite aimé, la rapidité, la répétabilité et la précision. Je me suis également rendu compte, que c'est sur ce type de machines (CNC) que la mécanique aurait un bel avenir devant elle, surtout en Suisse où le coût de la main d'œuvre est plus élevé. Donc à partir de là je me suis beaucoup investi dans les machines CNC. À l'époque il fallait un peu se battre pour faire comprendre à certains « mécanos » que ce sera l'avenir, mais maintenant avec le temps, il n'y a plus de discussion.
Rostan Suisse est une entreprise formatrice. Quels métiers peuvent être appris chez vous ? Combien avez-vous d'apprentis actuellement ?
Chez Rostan Suisse, nous formons des apprentis(ies) dans le domaine de la mécanique, c'est-à-dire des mécaniciens(ennes) de production et des polymécaniciens(ennes).
Il est vrai que nous essayons dans la mesure du possible de former toujours un apprenti, mais ce n'est pas toujours facile. Le réservoir de jeunes voulant se former dans ces domaines n'est pas très grand et cela n'est pas évident de trouver toujours du monde.
La pénurie de main d'œuvre qualifiée est une problématique qui touche de nombreuses entreprises de l'industrie MEM. En tant que Président de la FSPM que peut faire votre fédération pour aider ses membres face à ce problème ?
Avec la FSPM nous collaborons avec nos associations faîtières que sont Swissmem et Swissmechanic afin de promouvoir nos métiers techniques. Nous nous unissons pour faire les salons des métiers, nous organisons des « Events » pour montrer aux jeunes et moins jeunes nos métiers et les possibilités d'évolution. La FSPM est principalement active dans la promotion et la valorisation des formations postgrade, car si la formation de base est importante, la formation continue est un pilier essentiel dans la vie de nos entreprises. Comme nos clients pour Rostan Suisse, les formations deviennent à chaque fois plus exigeantes également, ce qui demande aux professionnels de se former en permanence.
Peu d'élus pour de nombreux postes vacants. Cette situation est propice à un taux de « turnover » élevé. Quelle est selon vous la meilleure approche pour garder ses collaborateurs qualifiés au sein de son entreprise ?
La bonne recette est difficile, en fait nous faisons en sorte que nos employés se sentent à l'aise à leur place de travail. Nous avons la chance de fabriquer un grand nombre de pièces différentes, ce qui rend le quotidien plus intéressant sur des machines modernes et récentes. La taille de l'entreprise permet également d'être proche de nos collaborateurs ce qui est un plus pour eux et pour moi. Heureusement le turnover n'est pas une mode chez nous, mais à chaque départ nous perdons un savoir-faire, ce qui n'est pas facile à reconstruire.
Quels conseils donneriez-vous à un/une jeune qui désire créer son entreprise en Suisse et en quoi la FSPM pourrait l'aider dans cette tâche ?
Nous pouvons qu'encourager l'implication d'un jeune dans la création d'une nouvelle entreprise, mais il faut bien étudier le marché. En Suisse vous devez créer de la valeur ajoutée, ce sera la bonne recette pour pouvoir se développer. La concurrence est féroce dans notre domaine, donc il faut savoir se démarquer pour réussir.
En Suisse il faut viser l'excellence pour vivre, c'est également ce que Rostan Suisse s'est fixé comme objectif, sans cela la vie sera plus rude. La FSPM pourra ensuite vous aider à rentrer dans un cercle de professionnels qui pourra agrandir votre réseau, ce qui est fondamental pour le développement des activités.
Depuis plus d'une décennie les nouveaux concepts de l'industrie de demain (4.0) sont sur toutes les lèvres. Dans la pratique comment voyez-vous la mise en application de ces évolutions technologiques et sont-elles réellement toutes essentielles à la bonne marche d'une entreprise ?
Il est parfois un peu compliqué de bien comprendre ce terme d'Industrie 4.0, pour nous qui sommes une PME de 20 personnes, nous avons franchi déjà quelques pas en cette direction, mais il faut reconnaître que dans la réalité cela s'avère encore compliqué. C'est bien-sûr une étape que nous devons faire et l'objectif de robotiser des machines automatiques avec des applications qui nous permettent de contrôler la fabrication est dans notre plan directeur à court terme. Avec l'arrivée des nouvelles machines, nous voyons que le fabricant peut également faire des mises à jour, contrôler l'état de la machine, faire du dépannage à distance, etc... ce qui est apprécié des collaborateurs. Maintenant il faut que tout cela soit utile et ne vienne pas perturber la bonne marche de l'entreprise, cela s'appelle du bon sens, c'est ce qu'il faut donner au 4.0.
Culturellement nous avons en Suisse une propension à toujours vouloir faire mieux et à disposer des meilleurs outils de production. Est-ce encore possible dans une économie globalisée où nous nous retrouvons en concurrence avec des pays qui produisent plus économiquement et bien souvent avec des machines de fabrication suisse ?
Comme je l'ai déjà dit précédemment, en Suisse nous devons viser l'excellence. Si vous y arrivez, la concurrence devient beaucoup moins féroce, car c'est vrai qu'en Suisse nous avons un niveau de formation et une rigueur qui nous permet de vendre des produits malgré la globalisation et la cherté du franc. Ceci est la preuve qu'avec un produit sans failles le facteur prix devient moins important, d'où l'excellent positionnement de la Suisse dans le monde actuel pour les produits de haute technologie.
La veille technologique est essentielle dans nos métiers. Quels sont vos canaux d'information privilégiés pour vous tenir informé des dernières évolutions technologiques ?
Le MSM évidement ! En plus je recommande à tout le monde d'être curieux dans le bon sens du terme, de s'intéresser à ce qui se fait près et loin de chez nous, de lire des articles des revues techniques, de participer aux foires, d'aller chercher l'information. De nos jours presque plus rien n'est impossible, donc allez chercher à la bonne place et vous allez voir que l'impossible devient parfois possible.
MSM
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