Les enjeux de l'industrie de demain : La guerre industrielle 4.0 par Xavier Comtesse La guerre industrielle (1 : l’Allemagne)

Auteur / Rédacteur: Auteur : Xavier Comtesse, mathématicien, digital shaper / Gilles Bordet |

Des plans nationaux ont été lancés par tous les pays industrialisés pour relancer et moderniser leur secteur industriel. L’idée étant que le numérique allait affecter profondément la manière de concevoir, fabriquer, diffuser et entretenir les produits industriels. Il fallait donc que les États donnent le signal du changement.

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L’industrie 4.0 est gourmande en capital mais moins en main-d’œuvre, le projet d'exosquelette Robo-Mate découle de ce constat et est le fruit d'une collaboration entre plusieurs pays européens dont la Suisse.
L’industrie 4.0 est gourmande en capital mais moins en main-d’œuvre, le projet d'exosquelette Robo-Mate découle de ce constat et est le fruit d'une collaboration entre plusieurs pays européens dont la Suisse.
(Source : Robo-Mate)

Ces plans ont pris dès le départ des formes différentes selon les nations concernées. Le concept a été mis publiquement en avant, pour la première fois, lors de la foire industrielle mondiale de Hanovre en avril 2011 sous le terme d’Industrie 4.0. Repris immédiatement par les américains en juin de la même année dans un projet nommé « Advanced Manufacturing initiative ». Les français ont choisi le nom d’« Industrie du Futur » en avril 2015 suivis immédiatement par les chinois avec leur « Made in China 2025 » dès juin 2015. Le Japon, quant à lui, vient de relancer cette année un ancien plan renommé pour l’occasion « Futur Vision Towards 2030s ».

Voilà le décor posé de ce que nous pourrions appeler la « guerre industrielle 4.0 ». Reste à analyser pays par pays les choix, les avancées et les succès accomplis. On finira cette série d’articles par un bilan comparatif entre ces grandes nations.

Commençons donc par un pays qui nous a tous montré la voie : l’Allemagne.

Ce pays joue un rôle déterminant pour les suisses car grosso modo nous suivons la même stratégie industrielle que notre voisin.

Organisé en « bottom-up » le plan est basé essentiellement sur les initiatives des entreprises privées. Mais deux axes transversaux ont été également mis en avant : la formation et les briques numériques indispensables aux changements comme les Big Data, l’Internet des Objets (IoT), le machine learning (IA), le cloudcomputing, la 3D ou le digital thinking, etc.

Il y a donc dans ce pays une anticipation forte à faire évoluer rapidement les savoir-faire en impliquant très tôt les centres de formation, les apprentissages et les organisations patronales comme par exemple, les chambres de commerce. La mobilisation passe aussi par les jeunes et les dirigeants d’entreprises. La clé du succès est pour eux à chercher dans la force de travail et par conséquent dans des plans de valorisation des ressources humaines. L’effort est considérable. Tout le système s’est mis au travail : université, instituts technologiques, Fachhochschulen, formation en apprentissage et même des écoles privées du digital. Le pays tourne sa formation massivement vers le numérique !

Les briques du numérique

Au lieu de mettre principalement l’accent sur les start-ups du numérique comme en France ou aux USA, l’Allemagne a choisi de porter son effort sur le tissu industriel existant des PME. Il faut dire qu’une majorité d’entre elles sont orientées à l’export et doivent lutter par l’innovation contre leur concurrent asiatique ou des pays de l’Est européen aux salaires des travailleurs très compétitifs. L’industrie 4.0 qui est gourmande en capital mais moins en main- d’œuvre est vu dans ce pays comme une chance vers une réindustrialisation du pays !

Donc brique par brique, plutôt que par secteur ou par le biais des start-ups, le pays cherche à innover avant tout dans son tissu industriel déjà en place comme l’automobile ou la machine-outil.

Les entreprises jouent le jeu car in fine elles n’ont guère le choix si elles veulent rester allemandes. MSM

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