Jubilé du MSM : 90 ans de passion Déjà 90 ans et le MSM tient toujours la forme !
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S'il y a un facteur sur lequel nous n'avons aucune emprise, c'est bien celui du temps qui passe. Les années se succèdent, les générations se suivent mais les écrits restent irrémédiablement gravés pour ceux qui viendront ensuite.

Presque un siècle d'existence, le temps d'une vie et les rédacteurs et rédactrices qui ont fait, font et feront le MSM seront toujours là, générations après générations. Enfin c'est du moins ce que nous souhaitons, car nous avons vu ces dernières décennies de nombreux journaux et magazines disparaitre mais également assisté à la naissance de nouveaux titres, souvent dématérialisés. Ce virage vers les médias numériques a été entamé très tôt à la rédaction du MSM, et c'est très certainement la clé de notre succès : vivre avec son temps et utiliser les outils que notre époque nous offre. L'industrie que nous représentons est elle-même toujours au fait des dernières évolutions technologiques, qu'elle en soit utilisatrice ou créatrice. L'innovation reste reine en terres helvétiques.
Pour marquer le coup comme il se doit et en attendant le centenaire à venir, nous avons décidé de donner la parole à l'équipe rédactionnelle du MSM, passée et actuelle. Passée, avec Édouard Huguelet et Jean-René Gonthier, anciens rédacteurs en chef du MSM, mais également actuelle, avec notre nouvelle équipe composée de Margaux Pontieu, rédactrice en chef, de Marina Hofstetter, rédactrice et de votre serviteur qui se retrouve désormais être le dinosaure de l'équipe.
Honneur aux ainés avec Édouard Huguelet qui revient sur sa longue carrière au MSM. Attachez vos ceintures, la DeLorean nous emmène en 1986 à l'ère pré-internet, celle des cabines téléphoniques, des machines à écrire et de la photographie argentique.
Dès années 1980...
MSM : Quand avez-vous commencé votre carrière au MSM ?
Edouard Huguelet : À l'époque, le MSM, qui s'appelait encore « Marché Suisse des Machines », paraissait toutes les deux semaines. J'ai commencé ma carrière au MSM le lundi 1er septembre 1986, avec une visite de l'éditeur qui était Fachpresse Goldach AG, à Goldach (canton de St-Gall), dans les locaux de l'imprimerie AVD Druckerei Goldach AG.
Quel poste occupiez-vous et combien de personnes travaillaient alors à la rédaction ?
J'étais rédacteur responsable de la publication. J'étais seul à la tâche, sans secrétaire.
Où se trouvaient les bureaux de la rédaction ?
Ils se trouvaient à la Rue du Vallon, à Lausanne, puis dès octobre 1986, ils ont été transférés dans une grande bâtisse de style « Art-Déco » située juste sous la gare de Lausanne, à la rue du Simplon. Nous étions quatre : une responsable de bureau, un vendeur d'annonces (pour le secteur de la Suisse romande), la secrétaire de vente et moi-même pour la rédaction.
Fin 1987, en raison de l'extension des affaires, j'ai pu engager une secrétaire de rédaction employée à mi-temps, Mme Claire Bruand. Puis, en décembre 1990, M. Jean-René Gonthier est venu nous rejoindre en tant que rédacteur à plein temps. L'équipe rédactionnelle était désormais au complet et opérationnelle.
Comment se portait le secteur de la presse spécialisée à l'époque ?
En pleine expansion. Le summum a été atteint vers 1990, où il n'était pas rare d'avoir des parutions d'une centaine de pages, dont 50 % d'annonces publicitaires. N'oublions pas que pour la presse spécialisée, la pub était (et est toujours) le nerf de la guerre !
Comment se passait la création d'un magazine à l'époque pré-informatique ?
Ou plutôt à l'époque pré-internet... En l'occurrence, étant donné qu'un numéro sortait encore tous les quinze jours, il y avait simultanément dans le « pipeline » le numéro en voie d'impression, le numéro au stade de composition typographique et le numéro en cours de rédaction.
Mais tout allait plus lentement qu'actuellement : il fallait par exemple commander des photos téléphoniquement ou par téléfax et ces documents arrivaient par la poste, souvent une semaine plus tard !
Les textes étaient tapés à la machine (grand luxe : des machines à marguerite avec mémoire de ligne !). La saisie des textes était ensuite réalisée à l'imprimerie de Goldach et on recevait des bons à tirer truffés d'erreurs de saisie vu que le personnel de prépresse était germanophone ! Il fallait ensuite envoyer le texte corrigé par courrier postal.
Quelles sont les évolutions techniques qui ont le plus marqué votre manière de travailler ?
Évidemment en premier lieu l'informatique : en avril 1991, nous avons été équipés d'ordinateurs Macintosh groupés en réseau Apple-Talk... mais personne pour nous instruire, à part deux cours d'initiation d'un jour et de gros manuels d'utilisateurs de 500 pages. Au début : la galère ! Heureusement, le rédacteur Jean-René Gonthier, fraichement engagé, avait déjà une certaine expérience informatique, acquise dans son emploi précédent.
Par la suite il y a eu Internet et le courrier électronique, ce qui a permis de simplifier et d'accélérer le travail de la rédaction. D'emblée il a fallu que les rédacteurs réalisent eux-mêmes la mise en page, au moyen du logiciel Quark-X-Press, après une formation plus que sommaire. Les premiers numéros parus étaient, disons... plutôt psychédéliques.
Comment avez-vous perçu la mutation de la presse papier vers son pendant numérique ?
En ce qui concerne les revues spécialisées, le MSM notamment, il y a toujours évidemment l'édition sur papier. Le site internet associé constitue un complément qui permet d'étendre et de dynamiser l'information. En revanche, je remarque que les recettes publicitaires ont constamment diminué dans toute la branche, depuis en tous cas une bonne vingtaine d'années.
Le MSM célèbre cette année ses 90 ans d'existence. Êtes-vous surpris par une telle longévité ?
Des publications, comme le MSM, ont bien tenu le coup. Donc je n'évoquerai pas une mutation papier-internet, mais un mariage papier-internet. Pour cela il faut que les thèmes rédactionnels soient en phase avec le terrain, en l'occurrence le secteur industriel et la recherche appliquée !
Au cours de votre longue carrière au MSM, vous avez vu la technique des machines-outils grandement évoluer. Quelles sont les évolutions qui vous ont le plus marqué ?
Quand j'ai commencé au MSM, il y avait déjà des machines-outils à commande CNC et j'ai travaillé dans ce domaine en tant qu'ingénieur de développement avant de devenir rédacteur. Les évolutions ultérieures ont porté essentiellement sur les logiciels de CFAO, qui sont devenus de plus en plus performants. À noter également les importants progrès dans le domaine de l'outillage, l'automatisation des procédés (notamment les cellules robotisées), ainsi que l'apparition de machines-outils réalisant l'usinage complet de pièces complexes. Je mentionnerai également le mode d'usinage à très haute vitesse (UGV), etc.
Les machines CNC sont désormais la norme. Comment ont-elles été accueillies à l'époque par les acteurs de l'industrie suisse ?
Elles se sont tout simplement imposées, en raison de leur souplesse d'utilisation. En revanche, dans le domaine particulier du tour automatique, les machines à cames font encore de la résistance, surtout pour la production de pièces simples, réalisées en très grandes séries.
Quel regard portez-vous sur l'évolution générale de l'industrie MEM en Suisse ?
La Suisse a bien réussi à tirer son épingle du jeu, et en particulier son industrie des machines-outils, qui est performante et dynamique. Elle est d'ailleurs toujours fortement exportatrice. Les groupes « Machines-outils » et « Outils de précision » de Swissmem (l'organisation faîtière de la branche) sont particulièrement dynamiques.
Auriez-vous une anecdote sympathique à partager avec nos lecteurs, qui vous soit arrivée au cours de votre carrière au MSM ?
Ayant atteint l'âge de la retraite en décembre 2005, la maison d'édition avait organisé une petite agape en mon honneur pour fêter mon départ, ceci d'autant plus que c'était le jour de mon anniversaire. À cette occasion, le directeur d'édition m'a demandé : que vas-tu faire à ta retraite ? Je lui ai répondu : je vais certainement réaliser des reportages et des articles en « free lance » pour diverses publications. Il me répondit : alors reste plutôt chez nous. Et c'est ainsi que je rempilai encore durant huit ans en tant que rédacteur, à un taux de 60 %, mon collègue Jean-René Gonthier reprenant le poste de rédacteur en chef.
...aux années 2000
MSM : Quand avez-vous commencé votre carrière au MSM ?
Jean-René Gonthier : Il y a bien longtemps, c'était en janvier 1991.
Quel poste occupiez-vous et combien de personnes travaillaient alors à la rédaction ?
Edouard Huguelet, qui occupait alors le poste de rédacteur responsable et dirigeait l'équipe, m'avait engagé pour le seconder et accompagner l'équipe dans le passage difficile de la machine à écrire à l'ère du Macintosh et de la PAO. À l'époque, nous étions trois à la rédaction romande, avec M. Edouard Huguelet et Mme Claire Bruand secrétaire de rédaction. Lors de mon engagement, le rédacteur en chef du MSM de l'époque ne comprenait pas un seul mot de français, c'était M. Jörg Naumann, également rédacteur en chef du SMM. Peu de temps après c'est Edouard Huguelet qui a alors été nommé rédacteur en chef du MSM.
Où se trouvaient les bureaux de la rédaction ?
Les bureaux de l'époque occupaient une place centrale soit à la Rue du Simplon, juste sous la gare de Lausanne.
Quels sont les qualités nécessaires pour devenir (un bon) rédacteur technique ?
Une question difficile car bien que les caractères et les formations de mes prédécesseurs et de mes remplaçants soient assez différents, je constate que la qualité première est certainement l'humilité face aux clients, tous spécialistes dans leurs propres domaines. Il s'agit de rester très ouverts par rapport à ses interlocuteurs. Un bon rédacteur doit être à l'écoute et être capable de retranscrire au mieux les opinions, astuces de fabrication et autres connaissances de la façon la plus objective possible. Étant donné que le rédacteur ne peut pas tout connaitre, il doit savoir poser les bonnes questions afin de pouvoir vulgariser le sujet au mieux. Car le rédacteur est systématiquement en face de spécialistes, de connaisseurs. Un métier fascinant, où l'on apprend beaucoup.
Le MSM fête cette année ses 90 ans d'existence. Êtes-vous surpris par une telle longévité ?
Pas étonnant, car le MSM est devenu au fil des décennies le magazine romand de référence en matière de techniques de production au sens large du terme.
De nombreux salons se sont créés, d'autres ont disparu. Lequel vous tient particulièrement à cœur ?
Je ne vais pas tomber dans le piège astucieusement tendu par mon ancien collègue pour ne citer qu'un salon unique dépassant largement tous les autres. Pour moi les salons qui sortent du lot sont ceux ayant une âme, ayant un caractère distinct, se prévalant de leurs clients d'abord avant de penser « location de surface ». Je n'ai pas apprécié l'émergence de salons opportunistes tentant de s'approprier une place laissée vacante par une exposition sur le déclin. Durant la pause forcée liée au COVID, les salons pérennes ont montrés leur dynamisme en proposant notamment des vitrines hybrides. Mais bon, comme on est entre nous disons que deux salons incontournables sont largement en tête, soit le SIAMS et l'EPHJ, (cités selon l'ordre chronologique).
Quelles sont les évolutions technologiques qui ont le plus marqué votre manière de travailler ?
Trente ans au service du MSM avec une seule constance, le changement perpétuel, des défis différents et plaisants à relever avec pour seul but de transmettre le mieux possible les contenus rédactionnels et les messages publicitaires. L'arrivée d'Internet a été indubitablement un grand changement pour moi, puisque cela m'a offert la possibilité d'établir mon bureau à domicile, durant 17 ans. Les télétravailleurs le savent bien, c'est d'une part une liberté énorme liée à une responsabilité accrue, où d'un coup on doit assumer seul son horaire et ses objectifs hebdomadaires.
Au cours de votre longue carrière vous avez vu la technologie des machines-outils grandement évoluer. Quelles sont les évolutions qui vous ont le plus marqué ?
L'évolution la plus marquante a été l'avènement de la commande numérique sur les machines-outils. Avec plus tard les multiples évolutions des CAO, FAO, car sans ces outils informatiques, il ne serait guère possible de programmer puis d'usiner une pièce sur une machine 5 axes par exemple. Autre évolution majeure, la démocratisation de l'impression 3D et peut-être plus récemment l'arrivée des machines spéciales où l'on ne sait plus si on a affaire à une décolleteuse, une fraiseuse, une machine transfert ou un tour. Et pour clore le tour, je reste très intéressé par l'évolution des micro-machines.
Quel regard portez-vous sur l'évolution générale de l'industrie MEM en Suisse ?
Durant ma carrière au MSM, j'ai constaté de grands changements au niveau du management. Au début, mes interlocuteurs étaient systématiquement des patrons très paternalistes. Ensuite il y a eu une période de type collégialité, où l'interview d'un groupe de cadre devenait usuel… Et ces dernières années, les entreprises libérées telle que Ciposa par exemple, ont commencé à montrer la voie à suivre…
Auriez-vous une anecdote sympathique à partager avec nos lecteurs qui vous soit arrivée lors de votre carrière au MSM ?
Oui, de multiples ! Lors d'une interview avec une personnalité industrielle jurassienne, j'avais interrogé cette personne sur son récent voyage en Chine et sur la façon de partager, de converser et de faire affaire avec des clients chinois. Il m'avait confié qu'il devait partager des repas et se délecter d'oreilles de cochon. À la relecture, il avait insisté pour couper ce passage. Je trouvais fort dommage car cela mettait un peu de vie et d'émotion dans l'article. Mais bon, le client est roi, et ce qu'il dit n'est parfois pas à prendre comme argent comptant. MSM
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