Jubilé du MSM : 90 ans de passion Déjà 90 ans et le MSM tient toujours la forme !

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S'il y a un facteur sur lequel nous n'avons aucune emprise, c'est bien celui du temps qui passe. Les années se succèdent, les générations se suivent mais les écrits restent irrémédiablement gravés pour ceux qui viendront ensuite.

L'équipe du MSM en 1992. De gauche à droite : Claire Bruand (secrétaire de rédaction), Jacques ​Deladoey (vente des annonces en suisse romande pour le MSM et son pendant alémanique SMM), Jean-René Gonthier (rédacteur), Ariane Demont (secrétaire des ventes) et Edouard Huguelet (rédacteur en chef).
L'équipe du MSM en 1992. De gauche à droite : Claire Bruand (secrétaire de rédaction), Jacques ​Deladoey (vente des annonces en suisse romande pour le MSM et son pendant alémanique SMM), Jean-René Gonthier (rédacteur), Ariane Demont (secrétaire des ventes) et Edouard Huguelet (rédacteur en chef).
(Source : MSM)

Presque un siècle d'existence, le temps d'une vie et les rédacteurs et rédactrices qui ont fait, font et feront le MSM seront toujours là, générations après générations. Enfin c'est du moins ce que nous souhaitons, car nous avons vu ces dernières décennies de nombreux journaux et magazines disparaitre mais également assisté à la naissance de nouveaux titres, souvent dématérialisés. Ce virage vers les médias numériques a été entamé très tôt à la rédaction du MSM, et c'est très certainement la clé de notre succès : vivre avec son temps et utiliser les outils que notre époque nous offre. L'industrie que nous représentons est elle-même toujours au fait des dernières évolutions technologiques, qu'elle en soit utilisatrice ou créatrice. L'innovation reste reine en terres helvétiques.

Pour marquer le coup comme il se doit et en attendant le centenaire à venir, nous avons décidé de donner la parole à l'équipe rédactionnelle du MSM, passée et actuelle. Passée, avec Édouard Huguelet et Jean-René Gonthier, anciens rédacteurs en chef du MSM, mais également actuelle, avec notre nouvelle équipe composée de Margaux Pontieu, rédactrice en chef, de Marina Hofstetter, rédactrice et de votre serviteur qui se retrouve désormais être le dinosaure de l'équipe.

Galerie d'images

Honneur aux ainés avec Édouard Huguelet qui revient sur sa longue carrière au MSM. Attachez vos ceintures, la DeLorean nous emmène en 1986 à l'ère pré-internet, celle des cabines téléphoniques, des machines à écrire et de la photographie argentique.

Dès années 1980...

MSM : Quand avez-vous commencé votre carrière au MSM ?

Edouard Huguelet : À l'époque, le MSM, qui s'appelait encore « Marché Suisse des Machines », paraissait toutes les deux semaines. J'ai commencé ma carrière au MSM le lundi 1er septembre 1986, avec une visite de l'éditeur qui était Fachpresse Goldach AG, à Goldach (canton de St-Gall), dans les locaux de l'imprimerie AVD Druckerei Goldach AG.

Quel poste occupiez-vous et combien de personnes travaillaient alors à la rédaction ?

J'étais rédacteur responsable de la publication. J'étais seul à la tâche, sans secrétaire.

Où se trouvaient les bureaux de la rédaction ?

Ils se trouvaient à la Rue du Vallon, à Lausanne, puis dès octobre 1986, ils ont été transférés dans une grande bâtisse de style « Art-Déco » située juste sous la gare de Lausanne, à la rue du Simplon. Nous étions quatre : une responsable de bureau, un vendeur d'annonces (pour le secteur de la Suisse romande), la secrétaire de vente et moi-même pour la rédaction.

Fin 1987, en raison de l'extension des affaires, j'ai pu engager une secrétaire de rédaction employée à mi-temps, Mme Claire Bruand. Puis, en décembre 1990, M. Jean-René Gonthier est venu nous rejoindre en tant que rédacteur à plein temps. L'équipe rédactionnelle était désormais au complet et opérationnelle.

Comment se portait le secteur de la presse spécialisée à l'époque ?

En pleine expansion. Le summum a été atteint vers 1990, où il n'était pas rare d'avoir des parutions d'une centaine de pages, dont 50 % d'annonces publicitaires. N'oublions pas que pour la presse spécialisée, la pub était (et est toujours) le nerf de la guerre !

De la recherche fondamentale à la rédaction technique
Gilles

Mon avenir était alors déjà tracé, gymnase et université, mais par esprit de contradiction je me suis inscrit à l'ETML pour commencer un apprentissage de mécanicien machines suivi d'une École Technique, option construction mécanique. Cette décision m'a valu la remarque suivante du doyen et du directeur de mon école : tu gâches ton potentiel, les apprentissages sont justes bons pour les « terminale option », nous étions alors au début des années 1990.

Pas un jour depuis je n'ai regretté mon choix. Après quelques années à faire de la sous-traitance ici et là, j'ai obtenu mon premier poste sérieux à L'EPFL au titre de mécanicien prototypiste pour l'Institut de Chimie Minérale et Analytique où j'ai pu me consacrer au plus passionnant des défis, la recherche fondamentale. J'ai quitté ce poste après 5 ans pour partir à l'aventure en Afrique, juste pour quelques mois, j'y suis resté pour finir plus d'une année. À mon retour je suis revenu à mes premiers amours, la mécanique et l'usinage ! Micromécanique, mécanique générale, mécanique lourde, montage, dépannage, bureau technique et même vente. Mais c'est définitivement la mécanique lourde qui m'a le plus attiré, usiner des pièces de plusieurs tonnes n'est de loin pas aussi simple que l'on se l'imagine.

Pendant plusieurs années, j'ai cumulé un emploi salarié à 100 % et une activité indépendante annexe, un choix extrêmement chronophage que je ne conseille à personne. En mars 2013, hasard ou synchronicité, lors de ma pause de midi je tombe sur une annonce dans le 20 Minutes pour un poste à temps partiel comme rédacteur au MSM. De mémoire je n'avais jamais vu une seule annonce d'emploi dans ce journal, encore une idée disruptive de notre regretté Jean-René Gonthier. Le premier juillet de la même année, je prenais mon poste dans les bureaux de la rédaction du MSM qui se situait alors à l'avenue Longemalle 7 à Renens. Nous étions à cette époque encore 4 personnes à travailler au MSM, Jean-René Gonthier, Edouard Huguelet que j'allais remplacer et Jean-François Pillonel qui travaillait principalement pour le DeviceMed. Le métier de rédacteur, je l'ai donc appris sur le tas aux côtés de mes collègues. Jean-René travaillait déjà depuis de nombreuses années à son domicile et après les départs en retraite d'Édouard et de Jean-François, les bureaux de Renens me semblaient bien vides, j'étais alors le seul occupant. Peu de temps après, la décision a été prise de ne pas garder ces bureaux et j'ai tout comme Jean-René commencé à travailler depuis mon domicile. J'ai pu grandement profiter de son expérience en la matière et éviter de tomber dans les pièges du télétravail. Après un petit temps d'acclimatation, j'ai trouvé mon rythme et je dois dire que cette manière de travailler a plus d'avantages que d'inconvénients. Mais elle demande également beaucoup de rigueur, car de nombreux stimuli nous éloignent parfois de nos objectifs.

Ce poste a été pour moi une découverte inattendue. Pouvoir se tenir informé des dernières évolutions technologiques, visiter des sites de production fermés au public, rencontrer et échanger avec des personnes passionnées et passionnantes, arpenter les allées des salons nationaux et internationaux et faire de la veille technologique au quotidien, quoi de plus enthousiasmant pour un technophile. Et le plus gratifiant reste certainement de pouvoir partager ces informations au travers de publications destinées à un lectorat exigeant et très instruit en matière de technique.

Cerise sur le gâteau, j'avais enfin pu trouver un poste à temps partiel dans mon domaine d'expertise, chose difficilement possible pour un homme dans l'industrie. Cela m'a permis de développer mon activité indépendante. Le départ à la retraite de Jean-René a rebattu les cartes au sein de la rédaction. On m'a alors proposé le poste de rédacteur en chef que j'ai refusé, car c'est un travail nécessitant obligatoirement un temps plein. L'arrivée de Margaux au poste de responsable clients pour la Suisse romande et le Tessin, de langue maternelle française, basée à Zürich, ne pouvait mieux tomber. J'ai toujours pensé que le poste de vendeur et celui de rédacteur en chef était fait pour une seule et même personne et c'est très bien ainsi. Mais il manquait toujours un temps partiel pour assurer la pérennité du magazine et l'arrivée de Marina a également été une très bonne surprise. Une équipe désormais principalement féminine apporte une nouvelle dynamique dans notre secteur d'activité tellement genré.

Cet été, cela fera déjà 9 ans que je travaille pour le MSM et j’apprends encore de nouvelles choses tous les jours, un métier très instructif, c'est le cas de le dire.

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Comment se passait la création d'un magazine à l'époque pré-informatique ?

Ou plutôt à l'époque pré-internet... En l'occurrence, étant donné qu'un numéro sortait encore tous les quinze jours, il y avait simultanément dans le « pipeline » le numéro en voie d'impression, le numéro au stade de composition typographique et le numéro en cours de rédaction.

Mais tout allait plus lentement qu'actuellement : il fallait par exemple commander des photos téléphoniquement ou par téléfax et ces documents arrivaient par la poste, souvent une semaine plus tard !

Les textes étaient tapés à la machine (grand luxe : des machines à marguerite avec mémoire de ligne !). La saisie des textes était ensuite réalisée à l'imprimerie de Goldach et on recevait des bons à tirer truffés d'erreurs de saisie vu que le personnel de prépresse était germanophone ! Il fallait ensuite envoyer le texte corrigé par courrier postal.

Quelles sont les évolutions techniques qui ont le plus marqué votre manière de travailler ?

Évidemment en premier lieu l'informatique : en avril 1991, nous avons été équipés d'ordinateurs Macintosh groupés en réseau Apple-Talk... mais personne pour nous instruire, à part deux cours d'initiation d'un jour et de gros manuels d'utilisateurs de 500 pages. Au début : la galère ! Heureusement, le rédacteur Jean-René Gonthier, fraichement engagé, avait déjà une certaine expérience informatique, acquise dans son emploi précédent.

Par la suite il y a eu Internet et le courrier électronique, ce qui a permis de simplifier et d'accélérer le travail de la rédaction. D'emblée il a fallu que les rédacteurs réalisent eux-mêmes la mise en page, au moyen du logiciel Quark-X-Press, après une formation plus que sommaire. Les premiers numéros parus étaient, disons... plutôt psychédéliques.

Comment avez-vous perçu la mutation de la presse papier vers son pendant numérique ?

En ce qui concerne les revues spécialisées, le MSM notamment, il y a toujours évidemment l'édition sur papier. Le site internet associé constitue un complément qui permet d'étendre et de dynamiser l'information. En revanche, je remarque que les recettes publicitaires ont constamment diminué dans toute la branche, depuis en tous cas une bonne vingtaine d'années.

Le MSM célèbre cette année ses 90 ans d'existence. Êtes-vous surpris par une telle longévité ?

Des publications, comme le MSM, ont bien tenu le coup. Donc je n'évoquerai pas une mutation papier-internet, mais un mariage papier-internet. Pour cela il faut que les thèmes rédactionnels soient en phase avec le terrain, en l'occurrence le secteur industriel et la recherche appliquée !

Au cours de votre longue carrière au MSM, vous avez vu la technique des machines-outils grandement évoluer. Quelles sont les évolutions qui vous ont le plus marqué ?

Quand j'ai commencé au MSM, il y avait déjà des machines-outils à commande CNC et j'ai travaillé dans ce domaine en tant qu'ingénieur de développement avant de devenir rédacteur. Les évolutions ultérieures ont porté essentiellement sur les logiciels de CFAO, qui sont devenus de plus en plus performants. À noter également les importants progrès dans le domaine de l'outillage, l'automatisation des procédés (notamment les cellules robotisées), ainsi que l'apparition de machines-outils réalisant l'usinage complet de pièces complexes. Je mentionnerai également le mode d'usinage à très haute vitesse (UGV), etc.

Les machines CNC sont désormais la norme. Comment ont-elles été accueillies à l'époque par les acteurs de l'industrie suisse ?

Elles se sont tout simplement imposées, en raison de leur souplesse d'utilisation. En revanche, dans le domaine particulier du tour automatique, les machines à cames font encore de la résistance, surtout pour la production de pièces simples, réalisées en très grandes séries.

Quand les ventes et la rédaction se croisent, c'est un feu d'artifice !
Margaux

Mon parcours débute en France, pays d'origine où j'y réalise mes études et premiers emplois. Diplômée d'un Master en Communication en 2012, je me spécialise vers des domaines qui me passionnent particulièrement : la publicité, l'événementiel et les relations presse. Je travaille ainsi en agence de communication durant plusieurs années et apprend les ficelles du métier. Mon quotidien est alors assez loin de celui d'aujourd'hui : la vie parisienne trépidante est grisante pour la jeune active que je suis alors et qui a soif d'apprendre et de découvertes. Mais ce rythme éreintant ne me convient plus, le secteur événementiel que j'affectionne particulièrement est également très intruisif pour un équilibre vie pro / perso avec des horaires décalés. Je me réoriente vers un secteur totalement différent puisque je postule pour un poste de responsable communication chez un éditeurs de logiciels... et on m'embauche pour gérer les ventes ! C'est un challenge que l'on me lance, une réorientation professionnelle que j'accepte avec enthousiasme et que je ne regrette pas. Aujourd'hui au MSM, mes compétences en communication, en événementiel, en RP et en ventes se rejoignent et fusionnent pour le meilleur (je l'espère !).

Mais ce qui vous intéresse cher lecteur c'est : que s'est-il passé entre l'éditeur de logiciels et le MSM ? Beaucoup de choses mais principalement, une installation en Suisse alémanique dans le canton de Zurich pour raisons familiales et de belles rencontres. Je découvre une annonce en juin 2018 pour un poste de conseillère Crossmédia à 40 % chez Vogel Business Media, l'ancien nom de Vogel Communications Group. Mon profil correspond : francophone, basée en Suisse alémanique (l'offre spécifiant que le poste était basé au bureau de Vogel à Thalwil), et surtout à temps réduit ce que je recherchais. Le premier entretien avec Matthias Böhm, directeur de Vogel Suisse et rédacteur en chef du SMM se passe très bien. Il devait engager une autre personne à ce poste et les jeux étaient déjà faits, mais mon arrivée comme un cheveu sur la soupe a redistribué les cartes. J'ai ensuite rencontré Jean-René quelques jours plus tard à Berne et ai obtenu son adoubement pour ce poste. En tant que responsable des ventes pour la Suisse romande et le Tessin, j'étais en effet en lien quotidien avec la rédaction du MSM car nous travaillons main dans la main. Le rythme du temps partiel me convenait et je me projetais ainsi durant quelques années.... jusqu'à ce que Jean-René nous prenne de court en nous annonçant en janvier 2020 son souhait de départ anticipé à la retraite. Nous avions à peine un semestre pour trouver une nouvelle personne à la tête de la rédaction du MSM, et l'entrée surprise du COVID quelques semaines plus tard ne nous a pas facilité la tâche dans notre recherche. Entre mars et mai 2020 toute l'économie était à l'arrêt, et les offres / recherches d'emploi également. C'est donc imposé une évidence : qui de mieux placé que nous pour reprendre le flambeau ? Le poste a été proposé tout naturellement à Gilles qui travaillait à la rédaction main dans la main avec Jean-René depuis près de 7 ans, mais celui-ci a décliné la proposition (pour savoir pourquoi je vous suggère la lecture de son encadré). Mais après réflexion, qui après la rédaction connait le mieux les entreprises romandes de l'industrie MEM ? Les ventes bien sûr ! Matthias Böhm m'a proposé le poste pour une prise de fonction en temps plein au 1er juillet 2020, que j'ai accepté non sans préciser une petite information croustillante encore toute fraîche : j'étais enceinte de quelques semaines et l'arrivée du bébé était prévue en août, soit un mois après ma prise de fonction ! Heureusement que les esprits ne sont pas étriqués chez nous, cette annonce bien qu’inattendue n'a eu aucun impact sur le début de mon rôle en tant que rédactrice en chef.

Il a donc fallu gérer avant le départ de Jean-René la passation à ce poste mais également en parallèle le recrutement d'une nouvelle personne pour nous épauler à mi-temps à la rédaction du MSM. Marina a été la pièce manquante à notre équilibre que nous avons désormais trouvé à 3. Nous sommes également épaulés de manière ponctuelle par Jérémy Gonthier, (inutile de préciser de qui il est le fils) ainsi que Jean Guilhem qui apportent leur contribution en free-lance à la rédaction.

La rédaction et les ventes sont intrinsèquement liées et c'est un équilibre que je tente de maintenir au quotidien dans mon travail : ils se complètent, l'un ne va pas sans l'autre et cela me permet de répondre au plus près aux attentes des entreprises pour proposer toujours après 90 ans un contenu riche, exclusif et varié sur l'industrie MEM en Suisse romande.

Quel regard portez-vous sur l'évolution générale de l'industrie MEM en Suisse ?

La Suisse a bien réussi à tirer son épingle du jeu, et en particulier son industrie des machines-outils, qui est performante et dynamique. Elle est d'ailleurs toujours fortement exportatrice. Les groupes « Machines-outils » et « Outils de précision » de Swissmem (l'organisation faîtière de la branche) sont particulièrement dynamiques.

Auriez-vous une anecdote sympathique à partager avec nos lecteurs, qui vous soit arrivée au cours de votre carrière au MSM ?

Ayant atteint l'âge de la retraite en décembre 2005, la maison d'édition avait organisé une petite agape en mon honneur pour fêter mon départ, ceci d'autant plus que c'était le jour de mon anniversaire. À cette occasion, le directeur d'édition m'a demandé : que vas-tu faire à ta retraite ? Je lui ai répondu : je vais certainement réaliser des reportages et des articles en « free lance » pour diverses publications. Il me répondit : alors reste plutôt chez nous. Et c'est ainsi que je rempilai encore durant huit ans en tant que rédacteur, à un taux de 60 %, mon collègue Jean-René Gonthier reprenant le poste de rédacteur en chef.

...aux années 2000

MSM : Quand avez-vous commencé votre carrière au MSM ?

Jean-René Gonthier : Il y a bien longtemps, c'était en janvier 1991.

Quel poste occupiez-vous et combien de personnes travaillaient alors à la rédaction ?

Edouard Huguelet, qui occupait alors le poste de rédacteur responsable et dirigeait l'équipe, m'avait engagé pour le seconder et accompagner l'équipe dans le passage difficile de la machine à écrire à l'ère du Macintosh et de la PAO. À l'époque, nous étions trois à la rédaction romande, avec M. Edouard Huguelet et Mme Claire Bruand secrétaire de rédaction. Lors de mon engagement, le rédacteur en chef du MSM de l'époque ne comprenait pas un seul mot de français, c'était M. Jörg Naumann, également rédacteur en chef du SMM. Peu de temps après c'est Edouard Huguelet qui a alors été nommé rédacteur en chef du MSM.

Où se trouvaient les bureaux de la rédaction ?

Les bureaux de l'époque occupaient une place centrale soit à la Rue du Simplon, juste sous la gare de Lausanne.

Quels sont les qualités nécessaires pour devenir (un bon) rédacteur technique ?

Une question difficile car bien que les caractères et les formations de mes prédécesseurs et de mes remplaçants soient assez différents, je constate que la qualité première est certainement l'humilité face aux clients, tous spécialistes dans leurs propres domaines. Il s'agit de rester très ouverts par rapport à ses interlocuteurs. Un bon rédacteur doit être à l'écoute et être capable de retranscrire au mieux les opinions, astuces de fabrication et autres connaissances de la façon la plus objective possible. Étant donné que le rédacteur ne peut pas tout connaitre, il doit savoir poser les bonnes questions afin de pouvoir vulgariser le sujet au mieux. Car le rédacteur est systématiquement en face de spécialistes, de connaisseurs. Un métier fascinant, où l'on apprend beaucoup.

La dernière arrivée
Marina

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'était pas prévu. Vous voulez savoir comment j'ai atterri au MSM ? Grâce à Facebook. Si, si, je vous assure. Comme quoi les idées disruptives se sont passées entre rédacteur/trice en chef. Margaux a posté l'offre d'emploi sur un groupe de francophones dans la région de Zürich, et le hasard faisant bien les choses, c'est à ce moment-là que je me suis connectée, moi qui ouvre Facebook une fois tous les 36 du mois. Recherche personne de langue maternelle française, d'expérience technique, à temps partiel, et à 15 minutes de chez moi. J'étais en mode maman depuis deux ans, et je ne cherchais pas encore d'emploi, mais l'occasion était trop belle. Peu après l'entretien cependant, c'est le COVID qui a débarqué, et mon passage de flambeau rédactionnel avec Jean-René est tombé à l'eau, car j'ai commencé deux mois plus tard qu'initialement prévu. J'ai donc commencé à travailler dans un bureau quasi vide, et j'ai appris le métier complètement sur le tas. Un début particulier donc, et je n'ai même rencontré Gilles « en vrai » qu'au bout d'un an ! En attendant, nous formons une belle équipe, et j'espère que nous vous transmettrons la bonne humeur que nous mettons dans notre travail encore longtemps.

Le MSM fête cette année ses 90 ans d'existence. Êtes-vous surpris par une telle longévité ?

Pas étonnant, car le MSM est devenu au fil des décennies le magazine romand de référence en matière de techniques de production au sens large du terme.

De nombreux salons se sont créés, d'autres ont disparu. Lequel vous tient particulièrement à cœur ?

Je ne vais pas tomber dans le piège astucieusement tendu par mon ancien collègue pour ne citer qu'un salon unique dépassant largement tous les autres. Pour moi les salons qui sortent du lot sont ceux ayant une âme, ayant un caractère distinct, se prévalant de leurs clients d'abord avant de penser « location de surface ». Je n'ai pas apprécié l'émergence de salons opportunistes tentant de s'approprier une place laissée vacante par une exposition sur le déclin. Durant la pause forcée liée au COVID, les salons pérennes ont montrés leur dynamisme en proposant notamment des vitrines hybrides. Mais bon, comme on est entre nous disons que deux salons incontournables sont largement en tête, soit le SIAMS et l'EPHJ, (cités selon l'ordre chronologique).

Quelles sont les évolutions technologiques qui ont le plus marqué votre manière de travailler ?

Trente ans au service du MSM avec une seule constance, le changement perpétuel, des défis différents et plaisants à relever avec pour seul but de transmettre le mieux possible les contenus rédactionnels et les messages publicitaires. L'arrivée d'Internet a été indubitablement un grand changement pour moi, puisque cela m'a offert la possibilité d'établir mon bureau à domicile, durant 17 ans. Les télétravailleurs le savent bien, c'est d'une part une liberté énorme liée à une responsabilité accrue, où d'un coup on doit assumer seul son horaire et ses objectifs hebdomadaires.

Au cours de votre longue carrière vous avez vu la technologie des machines-outils grandement évoluer. Quelles sont les évolutions qui vous ont le plus marqué ?

L'évolution la plus marquante a été l'avènement de la commande numérique sur les machines-outils. Avec plus tard les multiples évolutions des CAO, FAO, car sans ces outils informatiques, il ne serait guère possible de programmer puis d'usiner une pièce sur une machine 5 axes par exemple. Autre évolution majeure, la démocratisation de l'impression 3D et peut-être plus récemment l'arrivée des machines spéciales où l'on ne sait plus si on a affaire à une décolleteuse, une fraiseuse, une machine transfert ou un tour. Et pour clore le tour, je reste très intéressé par l'évolution des micro-machines.

Quel regard portez-vous sur l'évolution générale de l'industrie MEM en Suisse ?

Durant ma carrière au MSM, j'ai constaté de grands changements au niveau du management. Au début, mes interlocuteurs étaient systématiquement des patrons très paternalistes. Ensuite il y a eu une période de type collégialité, où l'interview d'un groupe de cadre devenait usuel… Et ces dernières années, les entreprises libérées telle que Ciposa par exemple, ont commencé à montrer la voie à suivre…

Auriez-vous une anecdote sympathique à partager avec nos lecteurs qui vous soit arrivée lors de votre carrière au MSM ?

Oui, de multiples ! Lors d'une interview avec une personnalité industrielle jurassienne, j'avais interrogé cette personne sur son récent voyage en Chine et sur la façon de partager, de converser et de faire affaire avec des clients chinois. Il m'avait confié qu'il devait partager des repas et se délecter d'oreilles de cochon. À la relecture, il avait insisté pour couper ce passage. Je trouvais fort dommage car cela mettait un peu de vie et d'émotion dans l'article. Mais bon, le client est roi, et ce qu'il dit n'est parfois pas à prendre comme argent comptant. MSM

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