Interview Eric Schnyder, CEO Sylvac SA Sylvac SA : mesures de haute précision pour l'industrie
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Avec ses deux sites localisés en Suisse romande, à Yverdon-les-Bains et Malleray, Sylvac SA est implanté dans le berceau des microtechniques de pointe. L'entreprise développe, conçoit et fabrique des systèmes et des instruments de mesure digitaux utilisés dans l’industrie.

Savant mélange de savoir-faire en électronique, mécanique et métrologie, les produits de haute précision de l'entreprise sont réputés pour leurs innovations et leur très prisée qualité suisse. Eric Schnyder, CEO de Sylvac SA y est arrivé en 2001 et en a pris la direction générale en 2007, il répond à nos questions pour ce dossier spécial.
MSM : Pour commencer, pouvez-vous nous évoquer l’origine de Sylvac SA et comment l’entreprise a-t-elle évolué jusqu’à aujourd’hui ?
Eric Schyder : Sylvac est né grâce à l’alliance d’ingénieurs passionnés par la micromécanique et l’électronique. La combinaison de ces 2 compétences nous a permis de fournir depuis plus 50 ans déjà des solutions digitales à nos clients. En tant que société familiale, nous visons une progression régulière et mesurée sur le long terme, nous avons donc investi régulièrement en R&D afin de développer de nouveaux produits et d’élargir notre offre de produits.
Sylvac SA développe et conçoit des systèmes et instruments de mesure digitaux utilisés dans l’industrie, pouvez-vous nous présenter les types de produits que vous proposez ?
Depuis la création de notre société, nous concevons des instruments de mesure de dimensions de haute précision. Nous fabriquons des instruments tout à fait traditionnels comme les pieds-à-coulisse, micromètres et autres comparateurs, mais ces instruments se démarquent des concurrents en apportant des spécificités typiques de Sylvac : connectivité, facilité d’emploi, précision et durabilité. Nous avons par la suite élargi notre palette de produits, et offrons actuellement une gamme complète de solution pour la mesure dimensionnelle de haute précision connectée, avec et sans contacts, y compris le traitement des données pour améliorer la productivité
Dans quels secteurs industriels vos outils de mesure sont-ils utilisés ?
Nos instruments sont utilisés partout dès qu’il y a de l’enlèvement de copeaux ou tout autre procédé de façonnage de la matière, mais aussi lors de l’assemblage, contrôle d’entrée, etc. Bref de manière générale pour tout contrôle qualité dimensionnelle, ceci dans différents domaines comme l’horlogerie, la sous-traitance, le médical, la connectique, l’aéronautique, l’automobile, etc.
Quel est votre positionnement au niveau Suisse et mondial ? Qu’est-ce qui vous distingue des autres entreprises actives dans le domaine de la mesure dimensionnelle ?
Nous nous positionnons comme un partenaire innovant et fiable, proposant des solutions fiables, avec un ratio qualité-prix intéressant et un retour sur investissement rapide.
Quels défis rencontrez-vous au quotidien ?
Nos défis changent régulièrement selon les aléas qui touchent notre secteur, mais sur le long terme, je pense que notre défi principal reste les coûts élevés en suisse, le protectionnisme de certains pays étrangers et l’isolement économique de la Suisse.
Actuellement de nombreuses entreprises connaissent des difficultés d’approvisionnement tout particulièrement en matière de semi-conducteur. Comment Sylvac SA gère cette période compliquée ?
Ce genre de situation revient régulièrement en sortie de crise économique, c’est pourquoi nous avons, depuis plusieurs années déjà, essayé, d’optimiser au mieux notre chaîne d’approvisionnement pour éviter les ruptures avec un calcul des besoins prévisionnels performant, diminué le nombre de position de composants sensibles et augmenté notre stock ainsi que les commandes planifiées jusqu’à 24 mois. Mais ceci ne nous a pas empêchés d’être en rupture sur 2-3 composants.
Pour continuer sur les thématiques actuelles, comment la crise en Ukraine vous a-t-elle impactée ? La Russie est-elle un marché pour Sylvac SA ? Comment vous êtes-vous adapté à la suite des mesures prises ces derniers mois ?
La Russie et l’Ukraine sont jusqu’à maintenant de petits marchés pour Sylvac, cependant ce qui risque de nous impacter fortement c’est l’inflation engendrée dans d’autres pays par ce conflit, et en particulier en occident. De manière générale, nous essayons d’être flexibles et agiles afin de s’adapter rapidement à l’évolution de situations géopolitiques comme celle-ci.
Pourriez-vous nous décrire succinctement comment se déroule un projet de la première prise de contact du client à la livraison du produit fini ?
Nous vendons principalement nos produits de stock via un réseau de distribution, nous avons donc très peu de contact direct avec le client final. Avec un portefeuille de commandes de 1-2 semaines seulement, les prévisions sont un outil de travail essentiel.
Quelles stratégies avez-vous mises en œuvre pour développer votre transition numérique ? Est-ce que l’IoT en fait partie (ou la réalité augmentée, l’IA...) ?
Nous investissons environ 12 % de notre chiffre d’affaires en R&D, ce qui nous permet d’apporter régulièrement des solutions permettant à nos clients d’effectuer leur transition numérique graduellement. Dans ce budget, nous avons une équipe qui effectue de la recherche, également en collaboration avec d’autres partenaires suisses comme le CSEM, sur ces thématiques actuelles comme la réalité augmentée pour le service client et les démonstrations, et l’intelligence artificielle pour optimiser les algorithmes de mesure de nos instruments. Chez Sylvac, les instruments et les machines de mesures IoT ready font partie de notre gamme de produits depuis 2017.
Quels sont les avantages des machines de mesure dimensionnelles sans contact ?
Les gros avantages des mesures sans contacts sont l’influence négligeable de l’opérateur, la rapidité d’acquisition des mesures autant pour les caractéristiques dynamiques (mal rond, concentricité, etc.) et statiques (longueurs, diamètres, etc.) et le retour sur investissement très court.
Proposez-vous des modules de contrôles personnalisés pour des demandes spécifiques comme des développements de machines ?
Oui, nous offrons des solutions sur mesure en utilisant le plus possible des éléments standards, ce qui permet de proposer des offres très compétitives avec des délais de
livraison rapides.
Quel type de machines possédez-vous au niveau de la production chez Sylvac ?
Nous avons une très grande variété de machines suisses (GF+, Studer, Schaublin, EWAG, ...) et étrangères (Brother, Mori Seiki, Haas) pour tout type d’usinage excepté le décolletage.
Ceci nous permet de produire nos différentes pièces critiques en interne.
Comment avez-vous vécu les années durant la pandémie ?
La pandémie nous a permis, comme toute crise, de nous remettre en question et d’apprendre afin d’être mieux préparé à gérer les prochaines difficultés. Un élément positif a aussi été l’accélération de la transition numérique chez nos clients et partenaires.
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Vos outils sont tous connectés sur le système d’information, quels en sont les avantages ?
Les outils connectés apportent une multitude de fonctions supplémentaires, comme la possibilité de surveiller à distance la cohérence de la production, recevoir une notification si l’instrument dysfonctionne ou doit être calibré, et tout ceci afin d’assurer la qualité de la production de nos clients et d’augmenter la productivité. Et bien évidemment cela permet d’enregistrer aisément et sans erreurs les mesures dans des systèmes d’information pour y assurer la traçabilité.
L’innovation est primordiale et encore plus dans le monde de la microtechnique, comment en avez-vous fait le terme qui définit au mieux l’entreprise auprès de vos clients ?
À notre sens et dans notre domaine, l’innovation doit permettre d’apporter une valeur ajoutée à nos clients afin d’optimiser leurs opérations. Cette innovation peut se développer dans plusieurs thèmes qui vont tous dans le sens d’un développement durable, par exemple la facilité d’emploi, une meilleure répétabilité ou reproductibilité, des économies (énergie, papier, temps) ou tout simplement moins de rebuts.
Quelles certifications possède Sylvac SA ?
Nous travaillons sur plusieurs domaines sans forcément être certifiés, mais c'est vrai que ce n’est pas encore très bien communiqué. Par exemple, nous avons un programme pour réduire nos émissions de CO2, nos bâtiments sont isolés de manière équivalente au standard minergie, et nous offrons des conditions de travail attractif et égalitaire pour nos employés. Plus formellement, nous sommes certifiés ISO 9001:2015, l’environnement et la sécurité seront intégrés prochainement et nous travaillons sur des certifications liées à notre domaine comme la certification de nos laboratoires en ISO 17025 et nous étudions la certification pour le domaine médical avec l’ISO 17025.
Combien d’instruments produisez-vous en moyenne par semaine ?
Nous produisons environ 2 500 instruments par semaine, toute taille et modèles confondus.
Vous êtes partenaires de plusieurs fabricants d'instruments de mesure qu’ils soient suisses comme TRIMOS SA et Wyler AG, ou britannique comme Bowers Group, comment ces partenariats sont-ils nés ? Sont-ils amenés à évoluer ?
En tant que PME familiale, il est difficile de couvrir suffisamment de domaines de compétence pour être performant, nous avons donc allié nos forces pour offrir une palette de produits complets à notre réseau de vente et nos clients finaux. Nous collaborons continuellement avec nos partenaires dans l’amélioration continue et l’innovation, certains de ces partenariats de plus de 30 ans vont certainement se renforcer grâce à l’utilisation d’écosystèmes digitaux semblables.
Avez-vous des apprentis chez Sylvac SA ? Comment soutenez-vous la formation professionnelle ?
La formation de base et continue sont largement privilégiées chez Sylvac, d’ailleurs, nous allons créer une académie de mesure cette année afin de participer activement à la formation continue par la pratique. Concernant les apprentis, nous avons créé il y a une dizaine d’année une filière de formation technique avec des partenaires locaux qui forme 4 apprentis par année (soit 16 apprentis), et nous avons en plus 4 apprentis dans d’autres branches.
Mardi 10 mai 2022, le conseiller d'État Philippe Leuba, s'est rendu dans vos locaux d'Yverdon-les-Bains pour une conférence de presse annonçant le lancement d'un Fonds de soutien à l’économie durable, quels engagements avez-vous pris dans ce sens ?
Notre objectif est d’effectuer un travail sur le long terme, et comme pour beaucoup de PME, nous ne savions pas trop comment aborder cette thématique. Le soutien du canton de Vaud, à nouveau pionnier dans la vision long terme de notre société, est fort appréciable et permet de donner l’impulsion de départ. Nous avons commencé par effectuer une étude afin de définir nos objectifs et les moyens nécessaires pour les atteindre, mais nous ne sommes donc qu’au début de cet ambitieux projet. MSM
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