Sous-traitance horlogère La complexité comme carte de visite

de Marina Hofstetter Temps de lecture: 5 min |

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Dans le domaine horloger, il y a certes les composants, mais pas que. L'entreprise Tenax Sa travaille entre autres à la fabrication d'outillage et de pièces complexes qui entourent la fabrication de composants. Laurence Schneider-Roy, responsable administrative de l'entreprise, nous en dit plus.

Laurence Schneider-Roy, responsable secrétariat et administration chez Tenax SA, sur le stand de l'entreprise au TWS 2023.
Laurence Schneider-Roy, responsable secrétariat et administration chez Tenax SA, sur le stand de l'entreprise au TWS 2023.
(Source : Marina Hofstetter)

Présentez-nous votre entreprise.

Tenax SA est une petite entreprise familiale et indépendante fondée il y a 52 ans, et qui compte treize personnes. Je m'occupe de la partie administrative RH et secrétariat, tandis que mon frère gère la partie technique. Nous travaillons principalement en sous-traitance mécanique, nous n'avons pas de produits propres. Nous travaillons pour différents secteurs, dont la machine-outil, le médical, l'automation industrielle et l'aéronautique. En ce qui concerne l'horlogerie, nous fabriquons de l'outillage, mais pas de composants. Il est arrivé que nous dépannions les horlogers pour quelques pièces, mais ce n'est pas notre cœur de métier. Nous ne sommes pas des décolleteurs, et travaillons en général sur de petits lots.

Nous sommes de bons généralistes, avec une très bonne expérience des matériaux difficiles et des pièces complexes, ce qui nous différencie de la concurrence. Nous sommes souvent approchés pour la fabrication de « moutons à cinq pattes » ! La complexité fait partie de notre quotidien.

Qu'exposez-vous au TWS ?

Nous essayons de montrer grâce aux pièces exposées dans nos vitrines l'étendue de ce que nous sommes capables de réaliser, tant en tournage qu'en fraisage. En termes de taille, nous allons du très petit à une quinzaine de centimètres.

Côté matériaux, comme je l'ai mentionné précédemment, nous sommes habitués aux matériaux difficiles, qui, d'une manière ou d'une autre, représentent un défi d'usinage.

Comment est organisée votre production ?

Nous disposons d'un équipement complet, avec des machines conventionnelles et des machines CNC multiaxes. Nous avons également du matériel de métrologie pour le contrôle-qualité. Nous avons mis en place un système organisationnel qui se prête à la taille de notre production. Pour chaque étape, la personne qui fait la programmation de la machine s'occupe également de l'usinage en soi et du contrôle-qualité.

Chacun est responsable de son étape de fabrication de A à Z, et en fonction des pièces, les différentes opérations d'usinage peuvent potentiellement être effectuées par plusieurs personnes différentes en accord avec leurs savoir-faire respectifs. Nous ne sommes à l'heure actuelle pas certifiée ISO, bien que ce soit un but, mais la certification demande des ressources importantes dont ne disposons pas pour le moment.

Qu'en est-il de la digitalisation de votre entreprise ?

Nous utilisons les nouvelles technologies lorsqu'elles se prêtent à nos besoins : nouvelles machines CNC, GPAO, etc. Mais la lourdeur de la mise en place de certaines sont parfois trop importante pour une petite structure comme la nôtre. Il est inévitable d'évoluer et de vivre avec son temps, mais il est également important de ne pas oublier la technique et les besoins que ces technologies remplacent.

Il ne suffit pas de presser sur un bouton, il faut toujours garder à l'esprit ce qu'il se passe lorsqu'on le fait. Il faut donc être vigilant à ne pas perdre un savoir-faire et une réflexion technique, car ce sont ces points qui font la différence lorsqu'il faut réfléchir aux défis techniques apportés par nos clients.

Combien de temps cela prend-il justement, de répondre à ces défis techniques ?

Cela dépend bien évidemment de la complexité de la pièce. Le point de départ le plus important est la qualité des dessins fournis par le client : ils doivent être lisibles, compréhensibles et complets, et ce n'est pas toujours le cas ! À partir de là nous pouvons discuter des manières de réaliser la pièce et des potentielles difficultés. Pour cela, mon frère, responsable technique, n'hésite pas à s'appuyer sur les connaissances de nos employés en production. Il arrive parfois que la pièce ne soit pas réalisable telle quelle, et qu'il faille légèrement la modifier ou partir sur une technique de fabrication complètement différente. Et lorsque nous travaillons sur des prototypes ou des projets de développement particulièrement complexes, il arrive régulièrement que nous rencontrions des surprises en production.

Comment réagissent alors vos clients ?

Nous avons une relation ouverte et de confiance avec nos clients. Nous sommes conscients que ce type de projet est peu rentable pour nous, mais ils nous permettent aussi de gagner la confiance de nos clients pour de futurs projets de petites séries. Ils sont en général compréhensifs, mais souvent contraints par des budgets limités. Nous sommes une entreprise discrète, et les gens viennent chez nous parce qu'ils savent que nous savons produire des pièces complexes. C'est notre carte de visite. Certains clients nous ont quitté parce que nos prix étaient trop élevés, mais une grande partie d'entre eux sont revenus, car ils n'ont pas trouvé ailleurs la qualité et la confiance que nous leur offrions.

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Comment gérez-vous la pérennité de votre entreprise ?

En tant que petite structure sous-traitante, nous sommes flexibles et réactifs. C'est à la fois un avantage pour nos clients, et parfois un inconvénient pour nous. Il est rare que nous sachions ce que nous ferons dans deux semaines. La majorité de nos projets sont des projets à court terme, et en tant qu'entreprise, il faut apprendre à vivre avec, et même si ça peut être parfois difficile à gérer, nous avons la chance mon frère et moi d'être une équipe soudée. Je pense que nous ne sommes pas les seuls dans la sous-traitance horlogère à être confrontés à ce problème, même si les sous-traitants actifs au niveau des composants sont peut-être moins affectés. Pendant la crise sanitaire, il nous arrivait d'arriver le matin sans savoir ce que nous aurions à donner à faire à nos collaborateurs à midi. En 52 ans, nous avons traversé des moments fastes et des moments de tempête, le vent peut changer très rapidement dans un sens ou dans l'autre, et le défi est de pouvoir être réactif. Même si nous aimerions parfois avoir une sécurité à un peu plus long terme, nous nous sommes fait à ses aléas. MSM

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